• De l’Afrique à l’Asie… 

        La Chine me rappelle étrangement mon voyage en Tanzanie que j’ai fait en 2002. Je n’ai rien écrit sur l’Afrique, je le regrette mais je garde des images en moi gravées à tout jamais.

       Ces voyages-là vous changent, il y a l’avant et l’après. La plupart des touristes que j’y ai rencontrés sont des gens d’âge mûr, plus de 40 ou 50 ans. C’est dommage que les jeunes en soient privés, pour des raisons économiques évidemment. C’est une grande leçon d’humilité, on apprend à se remettre en question et à replacer l’essentiel.

       En Tanzanie la pauvreté, la vraie, pas de RMI ni de resto de cœur ou autre soupe populaire, est partout dans la rue. La mendicité interdite alors on vous propose n’importe quel service : de vous peser sur un antique pèse-personne, voulez-vous un taxi, un interprète, un porteur pour vos achats, un guide, un garde du corps, on tente de vous vendre une fleur sommaire faite avec une boite de coca trouvé dans une poubelle, une paire de sandales faite dans un vieux pneu. Dans la rue ou les marchés, les jeunes s’agglutinent par dizaine autour de vous, ils vous croient riches, peut être qu’en bougeant nos poches on pourrait faire jaillir une pluie de dollars. J’avais peur, peur et honte à la fois, honte d’avoir du superflu alors qu’eux n’ont rien. La seule chance que je leur trouvais c’est qu’il ne fait jamais froid, ils dorment à même le sol, sous une cabane ou sous les arbres.
      

    J’ai compris pourquoi il y a souvent des guerres fratricides dans ces pays pauvres. Ils n’ont rien, donc rien à perdre et c’est trop facile pour les jeunes hommes de suivre le premier leader bon prêcheur qui passe. Leurs grand- parents n’étaient certes pas plus riches mais nous n’avions pas encore brandi sous leur nez nos voitures, téléphones, radios TV et autres gadgets qui nous font paraître riches. Le salaire d’un gardien à plein temps était de 60$ américains. Il leur faudrait donc économiser 14ans de salaires entiers pour acheter une auto.

       Sur l’île de Zanzibar, il y avait un français qui disait que nulle autre part au monde on ne peut trouver une meilleure qualité de vie ! J’ai répondu : « -A condition d’être riche ! ». Non !, je n’ai pas envie d’être fortunée au milieu des pauvres, je m’y sens trop mal à l’aise. 

       La Chine est un pays bien plus riche que la Tanzanie pourtant j’y ai retrouvé une certaine pauvreté quoique moins extrême. Des chinois s’agglutinent aussi autour de nous mais ils ont tous quelques objets à vendre. En négociant, le prix peut varier par exemple pour une casquette jeux olympiques 2008 de 10€ à 0,50€. Les cartes postales 1€ les 4 paquets de 10. Ils connaissent très bien les euros, tout au moins sur les lieux touristiques qui sont bien sûr des lieux choisis.

       Toutefois dans l’ensemble, c’est un peuple accueillant, jovial, ils parlent beaucoup et je me sentais en sécurité par mis eux. Nous nous sommes promenées dans les marchés populaires, nous étions toujours regardées curieusement, il y a très peu de gros chez eux, même les mères faisaient retourner les enfants pour qu’ils nous voient.

       Je n’ai vu que peu d’enfants et très peu de femmes enceintes, la politique d’un enfant par couple est toujours de rigueur aussi l’enfant est devenu un bien très précieux, ils les couvent des yeux.

       Mais bientôt, il y aura trop de vieux et déjà ils commencent à manquer de main-d’œuvre. Une jeune guide nous a dit que beaucoup de jeunes diplômés refusent de travailler car les salaires qu'on leur propose sont trop bas, ils préfèrent rester à rien faire chez eux, grignoter les dernières réserves des parents. Les familles se privent au maximum pour leur offrir des études, comme un pari sur l’avenir.

       Mondialisation? qui a dit ça! en tout cas, les jeunes sont les mêmes dans le monde entier.

       Nous nous sommes promenées aussi sur la place Tien An Men de Pékin avec le souvenir du jeune homme qui avait fait arrêter un char, il y a 18 ans de cela, depuis, les mentalités ont fait du chemin dans leur tête, ils sont encore un peu muselés mais dans chaque étudiant il y a un révolutionnaire qui sommeille.  

    J’ai vu des forets de grues qui construisent à tout va, ils détruisent les vieux quartiers, (les habitants sont jetés on ne sais où), vite remplacés pour les tours avec des appartements de grand standing qui ne trouvent pas toujours preneurs car trop cher. C’est un peuple avide et je me demande s’ils n’ont pas les yeux plus grands que le ventre. Bientôt ils ne seront plus en mesure d'accueillir nos entreprises qui délocalisent et leur 13% de croissance aura du mal à durer car leurs produits vont devenir de plus en plus chers et en conséquence les clients plus rares. La différence entre les riches et les pauvres est encore plus criante que partout ailleurs.

       Naturellement ce n'est que mon analyse personnelle qui n’a aucune valeur historique.

       C’est en voyant la misère des autres que nous prenons conscience de notre confort. 

    La Chine et ses vélos... 

       Si les Hollandais sont les rois de la bicyclette, les Chinois en sont les empereurs. Je n'ai jamais vu autant de sortes différentes: vélos vieux, vélos neufs, en bon état ou en ruines, de toutes les couleurs, des avec un toit, avec une cabine, une remorque, même des électriques dernier cri, des à trois roues, des avec un tonneau qui fait office de barbecue (pour griller et vendre des patates douces), ou un vrai tonneau pour je ne sais quel liquide, des chargements 3 fois plus hauts et larges que l'engin qui les porte, des avec ou sans moteur, des charrettes et brouettes à bras de toutes les formes etc...

       Quand je voyage, j'aime photographier la rue et j'achète des cartes postales pour tout ce qu'on est sensé venir visiter, j'en ai acheté une bonne centaine, surtout après avoir perdu mon appareil numérique. J'ai donc utilisé celui de Marie-Claude et dans les rues, je m'en suis donné à cœur joie. Les cycles et surtout les tricycles servent à tout, vraiment à tout, même à dormir. Devant les magasins, tout ça bien aligné sur le trottoir, une rangée à moteur, une rangée à pédale, on ne mélange pas!. Un étal dans la rue qui bouge!: dessous il y a un tricycle. J'ai même vu une femme qui vendait de la soupe, des nouilles et bien sur du thé sur un parking pour touristes chinois avec son tricycle rempli de gamelles, je lui ai acheté une bouteille de 600 ml d'eau minérale  pour 3 yuans soit 30 centimes d'euros.

       A Pingyao, citadelle entourée de remparts, la circulation des autos est interdite, on les laisse à l'extérieur avec les autobus sur de grands parkings et l'on utilise des autos électriques à douze places ouvertes, je veux dire sans portes mais avec un toit. Un soir, alors que nous avions un rare moment de liberté, j'ai dis à M.-C. «-Et si nous prenions un Pouss-Pouss pour visiter la ville?». Comme s'ils avaient des antennes, une kyrielle de tricycles se précipitent vers nous. Je me dirige vers le premier arrivé, un homme de plus de cinquante ans, je sors papier-crayon pour me faire noter le prix, il écrit maladroitement: 50. Cinquante yuans, ce qui fait cinq euros. Nous lui faisons signe que nous désirons faire le tour de la ville avant d'aller à notre hôtel (il savait déjà dans quel hôtel nous étions descendues). Estimant que cinq euros ce n'était pas cher, nous n'avons même pas négocié le prix et sommes montées sur sa machine, un peu serrées sur la petite banquette. Il empoche son billet de 50 et nous voilà parties.

       Il emprunte des ruelles étroites et sales, c'est ce que nous voulions: voir l'envers du décor. Des habitations plus ou moins légères, de vieilles toiles tendues entre deux piquets, beaucoup de maisons en ruines, des gens tentent de vendre quelques bricoles à même le sol sur un chiffon. Je sors l'appareil et essaye de prendre quelques clichés et souvent je renonce, je ne me sens pas à l'aise dans ce rôle de "voyeuse" et pas facile aussi, le bitume de mauvaise qualité nous fait faire des sursauts. Il pédalait tantôt à l'envers, tantôt à l'endroit, je n'ai pas vraiment compris comment fonctionnait son engin mais je pense qu'il avait ainsi deux vitesses, les freins étaient au guidon. Il se faisait interpeller et "chambrer" m'a-t-il semblé, les mémères venaient sur leurs portes pour nous regarder passer. En longeant certains bâtiments, il nous faisait signe, prenant très à cœur son rôle de guide. A un moment, il tourne 2 fois à gauche et nous nous retrouvons dans un endroit très isolé et étroit.

      

    Je dis: «- Humm!, nous sommes dans un cul de sac coupe-gorge!». Je regarde ma compagne, elle ne riait plus du tout. Notre "chauffeur" nous entraîne dans une cour et s'arrête: 2 ou 3 jeunes personnes  nous entourent... Explications en chinois..., M.-C. s'essaye en anglais, pas facile de se comprendre. Au bout de quelques minutes qui nous ont parues longues,  nous comprenons que c'est pour visiter un musée ou une maison célèbre, nous refusons. Je tends une pièce d'un euro à une jeune fille en guise de pourboire pour nous faire pardonner de ne pas entrer, la pièce circule entre toutes les mains puis elle me la rend avec son refus. Bien!, nous faisons signe à notre guide de repartir. Après trois quart d’heure de circuit, il nous dépose près de notre hôtel avec beaucoup de salutations. 

       La Chine, un pays gigantesque avec ses 9,6 millions de km², une côte de 18 000km, 1,2 milliards d'habitants, des villes monstrueuses comme Shanghai qui compte 18 millions d'âmes, des tours à perte de vue de plus de 90 étages, des autoroutes superposées, des échangeurs qui donnent le tournis, j'en avais le souffle coupé. Le guide de cette ville était fier de dire que c'était la plus belle ville du monde, il avait bien appris sa leçon! Comment peut-on dire que c'est beau!. Il nous a fait faire un tour de ville la nuit, c'est vrai qu'il y a beaucoup de lumières, surtout des néons publicitaires ce qui m'a fait penser à Las Végas. Paris à côté, c'est la campagne, je ne regarderai plus jamais notre capitale ni notre très beau petit pays avec les mêmes yeux.

        Toutefois la Chine, qui est une des plus vieilles civilisations de monde, n’est pas que Gratte-ciel. Dommage que les voyages organisés ne soient axés que sur l’histoire, nous avons visité un grand nombre de Palais, Temples, Remparts et autre Cité Interdite. Mais nous avons aussi traversé de fabuleux paysages montagneux, parfois percés de troglodytes, qu’il est très difficile de photographier en bus (la circulation chinoise mériterait tout un paragraphe tellement elle est anarchique), et malheureusement lors de la croisière sur la majestueuse rivière Li, nous avons fait connaissance avec la mousson, de gros nuages nous ont caché les belles montagnes toutes en hauteur qui ne ressemblent en rien à ce que nous avons en Europe.

        J’ai la sensation d’être passée à côté de ce qu’il y a de plus beau ce qui me laisse un sentiment d’inachevé.

       Quoi qu’il en soit, ce fut un voyage déroutant mais…inoubliable.

    Petite Jeanne

     

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  •   Y en a qui croient que tout est facile!!!
      C’est bien beau d’avoir du temps!!! encore faut-il savoir quoi en faire: Il faut apprendre à réaliser ses vieux rêves, prendre soin de soi, se faire plaisir, s'accepter pleinement, développer son potentiel qui était en sommeil au boulot, développer et entretenir les relations avec sa famille, ses amis et explorer de nouvelles formes d'activités comme se réveiller à 9 h. sans réveil et faire une sieste. Apprendre la gestion de son temps, le maintien de la vitalité, apprendre à dire non sans se sentir coupable, apprendre ses propres limites, savoir tourner la page, savoir-faire une adaptation financière, savoir rompre avec la routine, un statut, une vie sociale, accepter la solitude que représente la perte de ses collègues, peur du vieillissement, perte d’un milieu stimulent, impossibilité de demander une promotion ni une augmentation, savoir exiger le respect de ceux qui vont au turbin, il s'ensuit une réorganisation totale de la vie!!! Vous qui allez bosser tous les matins, réjouissez-vous, les temps difficiles viendrons plus tard!!!


      C’était un coup de gueule pour rire que j’ai écris il y a quatre ans quand j’ai arrêté de travailler. C’est vrai qu’au début tout m’a paru plus simple, j’avais enfin du temps pour moi. Mais aujourd’hui j’ai soixante ans, âge du transistor et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Et avoir soixante ans c’est entrer dans ce que l’on appelle le « Troisième Âge ».
      Troisième âge ! Le pas a été franchi quand j’ai été invitée au repas des anciens offert en décembre de chaque année par la mairie. Cent cinquante personnes âgées étaient alignées autour de trois longues tables, j’étais la plus jeune hormis les membres du conseil municipal. La doyenne de 102 ans trônait en bout de table, et avec une voix très claire, elle nous a chanté : « On n’a pas tous les jours vingt ans ».
     
    Après l’excellent repas, l’orchestre (oui, il y avait un orchestre) a entonné quelques tubes des années soixante (encore ce chiffre), la moitié des gambettes dont la plupart devaient supporter une belle brioche, et les voilà parties à danser en rythme quelques tangos, tchatcha, valses, twist et autres Madison…. 
      L’après midi s’en est allée avec entrain, bonne humeur et à la bonne franquette!.
      Je me suis sentie toute bizarre d’appartenir désormais à cette catégorie, et je réfléchissais à cette troisième partie de vie. Sans doute devrais-je concevoir la vieillesse comme une forme de convalescence, afin de mourir guéri des épreuves que j’ai dû endurer pendant mon existence…
      Mourir guéri, c’est mourir consolé d’avoir vécu sa vie.

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  •  
      

    Le samedi 13 mai vers 17h00, nous arrivons à Mérignac chez Marie-Madeleine qui nous prête très gentiment sa maison de vacances à Moinhos-de-Carvide (Portugal) J'en profite pour la remercier publiquement pour son amitié qu'elle m'a offerte spontanément.

     

      

       Moinhos, petit village situé à 7 km de l'océan, 130km au nord de Lisbonne, au bord d'une forêt classée; toutefois je ne l'ai pas trouvée sur le site de l'Unesco.

       Marie-Madeleine, 67ans, veuve depuis 3mois; très dynamique... Elle parle sans arrêt en mêlant le Français et le Portugais. Elle nous a préparé un succulent repas terminé par des fraises de son jardin. A la fin du dîner, nous avons la tête un peu fatiguée de tous ses discours, soudain elle regarde la pendule: 21h25. Elle nous dit sur un ton péremptoire: «-Allez vous coucher, vous avez besoin de vous reposer pour demain, moi je vais regarder la télé». Le ton si autoritaire que nous n'avons rien trouvé à répondre. Nous en avons bien ri. 

       Dimanche, après 1200km, nous arrivons à 21h locale (22h en France)  La petite maison de Marie-Madeleine. est jolie, toute blanche, restaurée récemment. Je m'empresse de faire le lit, un bon dodo!, nous l'avons bien mérité. Manque de chance la forte odeur de naphtaline me gêne beaucoup mais la fatigue est là et je m'endors.

       Le lendemain, grand beau temps qui durera tout notre séjour, Flo. ou DGF pour quelques initiés) me fait visiter le village où il a vécu ses premières 18 années, les maisons de ses frères, neveux et nièces et la maison de ses parents qui aujourd'hui appartient à son frère Anibal. Puis nous déjeunons dans un resto ouvriers qui nous à été recommandé par Marie-Madeleine. Très accueillant et pas cher du tout: un plat légumes-viandes (ou poissons) + un dessert et une boisson pour 5,50€. Ainsi nous mangerons au resto tous les midi pour moins de 6€. Ici, je veux dire dans la région, une chose me frappe, il suffi à Flo. de dire: «-Je suis le frère d'Anibal» et toutes les portes s'ouvrent sur un grand sourire!. Mais qui est donc cet Anibal si connu et respecté ?!.

       Après un rapide passage dans l'océan pour mouiller mes pieds; Je ne tardais pas à le savoir, l'après midi nous allons chez lui. Nous le trouvons en train de manœuvrer un engin de terrassement, il est entrepreneur en bâtiment. Quelle surprise! nous n'avions pas annoncé notre visite, les deux frères ne se sont pas vus depuis 6 ans. Grand, large et massif, une barbe qui descend des moustaches jusqu'au menton, la voix profonde, Anibal est imposant!!!. Je le regarde enlacer son frère, je ne comprend rien à ce qu'il dit mais je devine que dans cette immense carcasse il y a un bon cœur ému et chaviré. 
      

    La belle sœur Inacia était en train de faire cuire un cochon, morceaux confits à l'ancienne, boudin etc... Je suis si bien reçue qu'au bout d'une heure j'ai l'impression, malgré la différence de langue, de faire partie de la famille et il en sera de même avec tout le reste de la famille.

       Naturellement nous sommes invités à rester dîner et bien sur, goûter au cochon et à la soupe faite avec du pain de maïs et le bouillon qui a cuit le boudin auquel on a ajouter quelques feuilles de menthe!!!

       Le vin qu'Anibal fait lui-même n'est pas mauvais du tout, il ressemble un peu au rosé de Provence en plus sucré. Il veille à ce que mon verre ne reste pas vide... Pendant que les frères se racontent, je m'endors sur le fauteuil, réveillée par Antonia, la petite fille de 6 ans qui prétend savoir parler Français parce qu'elle connaît une dizaine de mots et se plait à me les répéter.

       Vers 23h nous quittons nos hôtes et là, dans la rue, je m'entrave les pieds sur le bitume irrégulier et je m'étale sur le macadam. Une promeneuse se précipite pour m'aider à me relever, elle m'enlace et m'embrasse, je ne comprend rien à son discours mais je sens que le cœur y est. Tout le monde y va de sa petite recette: glaçons, eau salée, médecins hôpital etc... Finalement je me traîne comme je peux jusque dans mon lit.

       Mais le lendemain matin, la douleur est toujours aussi vive, il est grand temps d'aller à l'hôpital de Leiria. Au urgence il ne faut pas être trop pressé, un peu comme ici. A la radio, le diagnostic est clair, j'ai une fracture à un os (j'ai oublié le nom) du pied gauche aussi j'ai droit à un plâtre tout chaud et une paire de cannes anglaises toutes neuves. le tout pendant 4 semaines.

       Je repars de l'hôpital avec le moral au ras des pâquerettes, nous passons un très mauvais mardi. 

       Le soleil aidant, le moral reviens. Avec un pied plâtré, nous devons quelque peu modifier notre emploi du temps, alors Flo. m'emmène dans la ferme où il est né, il ne l'avait pas vue depuis des années, il a le cœur serré. C'est sa Fageole à lui, petite bâtisse restaurée par Anibal suivie d'une bande de terrain de 120m de long sur 50 de large environ, découpée en 4 morceaux, un pour chacun des 4 enfants attribués par tirage au sort. Chacun doit traverser le terrain des autres pour entrer chez lui, une servitude obligatoire pas très pratique mais il n'y avait pas d'autre choix.

       Celui de Flo. est le 3ème, laissé longtemps à l'abandon, des broussailles ont poussées mais aussi une trentaine de pins. Situé dans une forêt, desservi par une route même pas goudronnée, ce terrain, c'est un paradis. J'ai immédiatement dis à Flo: «-Sur ce terrain, tu devais mettre un bungalow pour des vacances de rêves». 

     

       Et qui sait!!!, pourquoi cette idée ne fera-t-elle pas son chemin???. 

       En attendant, il a décider de nettoyer ses 1500m², c'est ainsi que j'ai passé de nombreuses après-midi à faire des grilles de sodoku dans les bois.

       Vous allez me dire qu'on peut faire la même chose à La-fageole, et bien non. D'abord ici il y a du soleil tous les jours, installée sur une chaise longue, j'écoutais le bruit que fait le vent marin dans les pins sylvestres, j'inspirais l'odeur des eucalyptus mêlée à celle des pins cela donne une senteur spéciale, le chant des cigales et des oiseaux, un calme apaisant qui invite à la méditation et aussi à la sieste à l'ombre ou au soleil à son grés.  

       L'immense forêt couvre plus de 11000 hectares (pinhal de Leiria) nommée aussi Forêt du Roi car vers l'an 1300, le Roi Dinis avait intensifié l'ensemencement pour freiner l'avancée des sables et fixer les dunes mais aussi pour une production intense du bois qui devait servir à la construction de bateaux, chacun sait que les Portugais furent de grands navigateurs. Cette forêt, toujours exploitée par l'état, est ouverte au public et dans la vallée de la rivière de Sãn Pedro de Moel des espaces pique-niques sont aménagés autour de fontaines où coule une bonne eau toujours fraîche. Là, nous avons mesurer un eucalyptus de 6,70m de circonférence et sur un autre était affiché: 35m de hauteur. Cet arbre très utilisé en charpente et diverses boiseries n'est plus planté depuis 5 ans, on lui reproche d'assécher les sols et donc les nappes. En traversant cette forêt, on peux aussi se rendre aux postes de vigies situés sur des hauteurs ce qui permet d'admirer l'immensité de cette cathédrale verte.

         Sur plus de 10 km, une succession de plages inondées de soleil bordent cette forêt traversées parfois par de petits ruisseaux qui naissent dans les dunes de Valeiras; bordées d'élégantes maisons de villégiature. Praia (plage) Olho du Samoco, Praia Pedras Negras,  de Pedrogão, de Pedra Douro, la lagune d'Ervediera. Quelques falaises avec des pins torturés par le vents, ils donnent l'impression d'être à genoux. Plus haut, la longue plage de Vieira invite au bronzage et quand le temps le permet, on vois les barques aux longues rames colorées qui attendent la marée pour prendre la mer, c'est le matin très tôt que partent les pêcheurs et à leur retour, les filets sont halés sur la plage et la vente à la criée commence.

       C'est à Vieira que nous avons passé notre dernière semaine dans une chambre prêtée par Anibal car il fallait rendre la maison à Marie-Madeleine qui venait d'arriver. La saison balnéaire venait de commencer, nous avons pu goûter aux spécialités culinaire et déguster l'inimitable "bacalhau grão de bico " (morue aux pois chiche), "dobrade o fiejão frade" (tripes aux haricots), "vitèla estufade" (veau mijoté).

     

     Nous avons aussi rendu visite à mon amie Amélia; j'ai retrouvé avec plaisir son petit village d'Ermegeira près de Torres Védras, dans une vallée très verte; visité un peu Lisbonne; Obidos ville fortifiée; l'incontournable Fatima où la vierge est apparue en 1917; Nazaré, sa plage et les femmes aux 7 jupons; Figueira da Foz; Batalha; São Martinho; Monte Réal la station thermale; Mafra; Mainha Grande, la citée du cristal...
     

       Le dernier jour, après avoir attendu 4h à l'hôpital pour qu'on m'enlève le plâtre, je me suis enfin précipitée dans l'océan pour tremper mes pieds (l'eau était chaude) une deuxième fois mais le drapeau était rouge alors, je suis allée faire mes valises. Je me baignerais la prochaine fois.

       Oui, il y aura des prochaines fois...!

       Puis traversée du centre de l'Espagne pour nous rendre en Andorre où une certaine personne nous attendait à Anyos mais chut, je ne suis pas la plus qualifiée pour parler de ce beau pays...

     

     Petite-Jeanne

     

     

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        Ma meilleure amie a vécu au Pays Bas de 1969 à 2006.

       Pendant les 37 années de son exil volontaire, je lui ai rendu visite un très grand nombre de fois, au moins une fois par an et souvent plus. J’ai toujours (ou presque) fait le trajet en train, c’est dire que je connais le parcours comme ma poche, Quiévy-frontière, Mons, Bruxelles, Antwerpen, Roosendaal, Rooterdam, Nimegen, Arnhem. Dans ces trains internationaux, on rencontre toute sorte de gens, souvent sympathiques ce qui rend le trajet plus court.

       Un matin de 1993, sur le quai de Roosendaal, j’attendais ma correspondance pour Paris. A coté de moi, une toute jeune fille noire attendait aussi avec un sac de voyage. D’abord un sourire timide auquel je réponds, puis elle s’approche et me demande si c’est bien là le train pour Paris, je réponds par l’affirmative, je la sens très gênée, pourtant elle a envie de parler alors je l’y invite.

       Le train entre en gare, elle s’installe tout naturellement à côté de moi et me raconte qu’elle est africaine, de Guinée-Conakry. Son père est le ministre de l’agriculture de ce pays (excusez du peu), il l’a autorisée à voyager en Europe pendant les vacances. Je l’inonde de questions, elle y répond avec plaisir, l’été précédent, elle est allée aux Etats Unis. Les douaniers belges passent, son passeport est en règle, nous continuons notre bavardage, elle m’explique qu’elle va chez un cousin qui habite la banlieue de Paris.

       Là où ça ce corse, c’est avec les douaniers français, elle n’a pas de visa pour la France. Elle l’ignorait, c’est la secrétaire de son père qui avait organisé le voyage, le visa français avait été oublié. Ces messieurs lui demandent de les suivre, elle me jette un regard implorant, je suis impuissante, elle m’embrasse et s’en va. Cinq minutes plus tard, elle revient en pleurs et m’explique que les autorités lui ont demandé de descendre à Bruxelles pour aller au consulat français de Belgique demander cet indispensable visa.

       Dans un discours entrecoupé de sanglots, elle me demande de descendre avec elle pour l’accompagner, je refuse car j’ai mes enfants qui m’attendent, mais elle trouve tellement d’arguments que je finis par accepter. A Bruxelles, on se renseigne sur l’adresse du consulat, mais c’est assez loin, mieux vaut prendre l’autobus. Oui mais voilà, pour prendre le bus il faut des francs belges et nous n’en avons pas. Bon, pas de panique ! ; avec beaucoup de difficultés, nous finissons par trouver un guichet qui accepte de faire le change, elle sort de son sac de voyage un gros paquet de dollars américains enveloppés dans un sachet en plastique, je lui conseille de ne pas montrer qu’elle en a autant, elle est très étonnée que cette monnaie ne soit pas acceptée ici, il faut aussi trouver les consignes pour déposer nos bagages.

      

    Nous voilà assises dans le bus, le chauffeur nous parle au micro pour expliquer qu’en raison d’un problème assez confus le bus démarrera dans vingt minutes. Des oh-oh fusent d’un peu partout et une jeune femme commence à nous raconter sa vie, elle est tunisienne etc., etc., ma co-voyageuse en fait autant, le temps passe et les vingt minutes s’allongent. Voilà que la tunisienne explique que le consulat en question n’est ouvert que le matin, il est 12h10.

       Consternations ! . Mais les tunisiens sont un peuple très accueillant paraît-il, elle invite l’africaine chez elle, elle pourra y téléphoner à son cousin et y passer la nuit, demain matin elles régleront le problème du visa, elle connaît quelqu’un qui connaît…. Depuis un bon moment, je me sens inutile, aussi je dis que puisque tout est réglé, je peux reprendre le train. Elles approuvent d’une seule voix, la jeune fille et moi, échangeons nos adresses et retournons aux consignes reprendre  nos sacs. De la fenêtre du bus, elles me font un vague salut, je suis déjà oubliée. Je me sens un peu frustrée, je n’aurai jamais dû accepter de descendre, me revoici sur un quai, à attendre une heure encore. Je suis arrivée à la maison avec 4 heures de retard.

       Quelque mois plus tard j’ai eu la surprise de recevoir un courrier qui venait de ‘‘Guinea Conakry west Africa ’’, la jeune fille me remerciait de ma gentillesse et me racontait la fin heureuse de son périple en vantant l’amitié exceptionnelle qu’elle avait reçue chez la tunisienne-belges-francophone.

       Tout bien considéré, ce souvenir vaut bien 4 heures de retard !…. 

    Petite-Jeanne

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  •     Après une visite d'un mois dans la région de naissance de d-gf, visites aux familles, amis et autres, les vendanges faites, nous décidons de prendre quelques jours pour nous.

       Départ le 16 septembre, en longeant l'océan en direction du nord du pays, nous passons notre première nuit sur la plage de Furadouro, à quelques mètres à peine des vagues qui viennent s'écraser contre le mur, je suis impatiente de repartir, le bruit de la mer me fatigue, je préfère les forêts même lorsqu'elles sont secouées par le vent.

       Le lendemain direction le Gerès, frontière entre le nord du Portugal et l'Espagne. On nous a raconté cette région comme sublime, nous ne pouvons que la visiter. Effectivement, les paysages y sont magnifiques, nous flânons sur le pond qui enjambe le Rio Cávado avant d'attaquer la montée en lacets très serrés sous un tunnel de verdure vers le col du Portelà Do Homen où se trouve l'ancien poste douanier, complètement délabré, il sert de WC aux passants.
       Nous traversons le Parc Naturel protégé d'Albergaria, il est gardé aux deux entrées par deux jeunes filles qui s'ennuient.


      
      

      
       Nous payons la taxa de acesso soit 1,50€ par véhicules. L' arrêt y est interdit sauf aux apiculteurs. Le col n'est pas très haut, 750 m. mais les virages nous ont donné le tournis, il est temps de refaire une pose, le temps de quelques photos, cueillir un kilo de mûres et remplir les bouteilles d'eau glacée à la fontaine.

       Descente vers l'Espagne, nouveau décor: vallée plus large, forêts exploitées, des maisons ça et là. Plus loin, nous traversons une région d'Espagne qui, curieusement me fait penser au Périgord: petits vallons, prairies, champs de maïs, vaches et moutons. Nous perdons notre chemin et nous nous retrouvons sur de petites routes et traversons de vieilles fermes où ça sent bon le fumier, des bosquets de châtaigniers, pins, boulots, maisons rurales avec vignes en tonnelles encore chargées, jardinets avec invariablement le carré de choux hauts sur tiges (jusqu'à 4m); pour nous c'est des choux à lapins mais ici il en font la soupe après les avoir coupés très fins.

       Nous roulons droit au nord pour retrouver la côte et c'est à nouveau la montagne avec des forêts d'eucalyptus et de pins, la route bordée de bruyères en fleurs mais pas le moindre olivier. Très belle vallée, celle de Rio Eo qui nous conduit jusqu'à l'océan sur la Costa Verde. Comme son nom l'indique, tout est vert ici, une autre image de ce grand pays qui ne peut se comparer au sud où tout y est plat, jauni, pelé, rabougri, si nous n'avions pas changé d'itinéraire, nous aurions continué à croire que l'Espagne est toute brûlée par le soleil, alors je dis aux voyageurs: visitez le nord jusqu'à A Coruña, un détour qui en vaut la peine!.

       
      Nuit dans un camping (plus cher qu'à Lisbonne) puis autoroute vers Gijôn puis Santender et Bilbao et l'idée nous vient de prendre une petite route vers la côte pour y dormir! Notre carte pas très précise nous conduit sur une petite route de montagne sans possibilité d'arrêts ni demi tour. Le paysage est beau à couper le souffle, si beau qu'il me rappelle la Suisse, ce qui nous fait un peu oublier notre infortune. Après une assez longue recherche nous trouvons un parking non complet à Lekeitio. 

       Car nous avons appris à nos dépend qu'en Espagne, tant que l'on roule tout va bien, mais trouver un parking est exercice bien trop ingrat pour nous. 

       Allez! Demain nous serons en France, la tête remplie de beaux souvenirs !.

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  •    Par une belle journée ensoleillée de ce mois de juin 2008, nous avons visité le Mont St Michel.
       Un souvenir que j'avais presque oublié est revenu à ma mémoire.
       En 1966 j'avais 17 ans, je travaillais à l'usine Virebent, j'en ai parlé dans mes souvenirs d'enfance, c'était avant ma rencontre avec Monique.

       Je vivais chez mes parents à Prayssac et m'ennuyais beaucoup. J'avais quelques amies qui étaient de ''l'assistance publique'' comme on disait autrefois. Elles vivaient dans une sorte d'internat pour jeunes filles en attendant d'être aptes à partir dans la vie.
       Les visites étaient libres (enfin en apparences) aussi je leur rendais de petites visites assez fréquemment.

        Dans la soirée, en attendant le repas elles se réunissaient dans une grande salle baptisée pompeusement bibliothèque, en fait il n'y avait que des livres de cours de la sixième au brevet et quelques autres; je me souviens d'un que j'ai emprunté et qui s'intitulait:  ''la fermière moderne'', on y trouvait de tout: recettes de cuisine, comment gérer son budget, jardinage, faire couver des poussins, faire des conserves, de la couture et même un brin de puériculture. Bien sur les sujets étaient traités plus en largeur qu'en profondeur mais c'est en forgeant qu'on deviendra forgeronne!.


       Un jour dans cette salle, accrochée sur un grand tableau, une carte de France avec un itinéraire tracé: un voyage scolaire qui n'avait lieu que tous les deux ou trois ans était prévu pour le mois de juin, 3 ou 4 jours; cette année-là, la destination était : Le Mont St Michel.
       Je n'avais jamais quitté ma région, (sauf le voyage à Lourdes) je mourrai d'envie de partir avec elles... J'ai vaincu ma grande timidité en osant demander un rendez-vous avec la directrice.
       Elle m'a reçu dans un grand bureau où trônait trois téléphones, j'ai longuement plaidé ma cause avec beaucoup de sincérité.
       Quelques jours plus tard, la réponse fut positive, je pouvais participer au voyage après avoir payé ma cote-part et fourni une autorisation parentale.

       C'est ainsi que j'ai vécu quatre jours féeriques en compagnie de jeunes filles de mon âge, expérience enrichissante toute nouvelle pour moi: échange de vêtements et confidences en tout genre. Visite du monument historique Normand-Breton (ils ne sont pas encore tous d'accord)  et quelques autres abbayes et cathédrales, nuits dans des auberges de la jeunesse et c'est à tue-tête dans l'autocar que j'ai appris ''La Paimpolaise''.

       Bon, puisque vous êtes toujours gentils avec moi, je vous mets une photo de 1966 en haut et 2008 en bas...
       Petite Jeanne

     

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