• Suite...   

    Tu sais que j'ai habité quatre ans dans le nord du Portugal, c'est là que j'ai passé mon certificat d'études. Ca c'est une idée pas très géniale de ma mère. 0 L 5 (2)

       Tu ne l'a pas passé à ton l'école?.

      Si mais dans une autre, pas chez moi puisque ma mère comme elle n'avait pas les sous de mon père, elle a cru qu'en allant habiter près de là où il travaillait, il aurait donné plus. Nous sommes d'abord tous allés habiter là-bas pour le retrouver, j'avais huit ans peut être. Mais lui chaque fois, il s'éloignait, on était jamais réellement avec lui. Quand elle a vu çà, elle est revenue, mais moi je suis resté avec mon père. Ça n'a pas était facile parce qu'il avait fallu louer la ferme. Après ça a été dur pour la récupérer (4 ans) sinon elle serait revenue avant. C'est à ce moment là que lui revenait tout les six mois, mais moi je restais là-bas.

     

       Et après, je suis parti avec lui pour apprendre le métier, mais en déplacement. Alors je suis resté plus d'un an sans voir ma mère. On travaillait du levé au couché du soleil. Lui aussi était tâcheron, il travaillait un peu à son compte.

        Il partait faire des chantiers si loin?.

        Oui, pour faire ce qu’il voulait tu comprends, à peu près tous les six mois, il allait quelques jours voir ma mère, mais moi non, pour ne pas payer le train. Et moi, j’étais grand alors il disait que j’étais son frère devant les gens, j’avais même le droit de lui dire tu (En ce temps là, il était obligatoire de vouvoyer ses parents).    D’autres femmes, pas une en particulier; peut être une par chantier je ne sais pas. Alors ma mère voyait peu d'argent de lui.

     0 L 5 (1)  Elle a dû en voir pour nourrir ses garçons!.

       Tu vois, la semence c’est rien d'extraordinaire. Elle a beaucoup souffert. C’est pour ça que quand il me prenait avec lui, c'était une bouche de moins à nourrir.

       Je comprends.

       Ça à durer jusqu'à l'âge de 14 ans pour moi. Après, il n’est plus parti. J’avais honte d’être battu. Un jour je me suis retourné contre lui: il a voulu me taper avec une latte, j'ai attrapé la latte et je lui ai dit: «-c'est fini, vous ne me taperez plus!». Et ca a été fini, il ne m'a plus tapé mais il n'a plus voulu que je travaille avec lui, il m'a mis avec un autre maçon.

       Et même une fois, il a essayé de faire venir toute la famille habiter là où il travaillait, certainement poussé par ma mère, mais ça à été l'échec complet, financièrement et tout était à l'abandon chez nous. Alors c’est même peut être là que tout le monde est revenu. La réalité de tout ça, je ne me suis jamais senti aimé à la maison tu vois.

       Même par ta mère?.

       En ce temps là, je pense que la priorité c'était de vivre et on ne pensait pas au reste.

      Je comprends, moi non plus, enfant, je n'ai pas eu de tendresse. 0 L 5 (3)

       C’est ca qui m’a fait partir.

     

       Je raconte un peu tout mélangé mais je sais que tu me comprends.

       Tu as raison, il faut dire les choses comme elles viennent.

     

       Sur les photos, ton père, on dirait un jeune homme!.

       Oui, il faisait jeune lui, il avait un an d'écart avec ma mère, il a gardé les cheveux noirs jusqu’à la fin mais il avait une touffe blonde. Je t'explique la touffe blonde, et ne te moque pas, c’est vrai. Ma grand-mère, quand elle était enceinte a attaché de la vigne et elle avait coincé les attaches contre le ventre de son tablier et c’est là qu’il avait sa tête. Alors çà l’a marqué et ça lui a fait une touffe blonde. Écoute, j'ai toujours entendu raconter cette connerie.

       Un bel homme ton père.

       Ben oui il le savait, mais il avait des touches lui, c’est pour ça que quand je bossais avec lui en déplacement il disait et mobligeait à dire que jétais son frère.

    A suivre (109)...

    Partager via Gmail Yahoo!

    12 commentaires
  • Suite...  

    Aujourd'hui sur le terrain où il y a la ferme, il y a deux puits artésiens qui donnent de l'eau en abondance à 13 m de profondeur.

       Mais à cette époque, il y avait bien trois puits mais qui étaient commun avec les voisins. Il y avait des tours pour puiser l'eau pour arroser et pour les bêtes mais pas question de prendre de l'eau quand ce n'était pas son tour. 0 L 6 (1)

        Chaque soir il étaient taris, il fallait attendre le lendemain pour que l'eau revienne.

    Ces puits existent encore, il font 3 ou 4 m de diamètre, avec un système de roues, il fallait attacher une vache pour faire tourner. Il y a des vaches qui refusent d'avancer toutes seules, et nous, les enfants on étaient chargés de marcher derrière pour les empêcher de s'arrêter. Tu imagine ca? un tout petit enfant qui s’appuie sur une patte de la vache et qui avance à moitié endormi!...

     

       Ma mère à tellement souffert du manque d'eau, elle n'a jamais su qu'il y avait toute cette eau qui dormait sous ses pieds. Quand j'y pense, j'ai vraiment mal au cœur, juste un tuyau de 13 m!.

     

       J'ai connu les mêmes choses que toi dans mon enfance, sauf l'eau dans le vin, nous avec les restes de vendanges, on les amenait et, dans un alambic, on faisait de l'alcool, tu sais celui que tu parles et tout quil était super fort, et une fois pressées on les ramenait pour les donner aux poules.

        Je sais, et les poules étaient saoules aussi!.

       Ça c’est vrai. Moi, j'ai encore ici à la maison du marc fait comme ça dans des jerrycans en verre recouvert de jonc. J’en ai encore peut être 5 litres, je dois avoir une bouteille que j'ai faite avec des mirabelles. Je devrais en faire avec des cassis et des framboises ou même des groseilles. Les cassis sont déjà rouges et en plus tout ces fruits, moi je les ai.

     

     

     0 L 6 (3)    Écoute cest vieux ça!. Il faisait beaucoup de choses, il tenait un café et cest là que tous les jeunes aimaient aller, c’est le premier café qui a eu la télé chez nous, attends, je parle de ça il ny avait pas l'électricité. Tu sais chez mes parents non plus en ce temps là, je te parles tu sais que chez mes parents il ny a jamais eu l'électricité, il y a eu le téléphone c’est tout après que je soit parti, il y avait électricité avec une batterie, on allait les faire charger là où il y avait de l'électricité, sinon de mon temps tout au pétrole. Tu as eu une vie difficile toi, mais moi c'était pire.

      Oui, je sais bien.

      Aujourd’hui les gens ne savent pas tout ca, et pourtant, il y a encore beaucoup de misère.

     

       Oui, la misère d'aujourd'hui est sans doute encore plus grave car les gens savent de quoi ils sont privés, nous, on ne savait pas comment était la vie des riches...

     

       C'est quoi tes meilleurs souvenirs?.

        Les bons souvenirs, j'ai vraiment pas tu sais. Je suis allé à l'école de 7 ans à 10,5, en ce temps là, c'était beaucoup, toutes les familles n’envoyaient pas les enfants. Ma mère ne savait pas lire, mon père non plus.

        Je sais, ma mère était analphabète, mon père non lui est allé à l'école. C'était gratuit?. 0 L 6 (2)

       Oui, gratuit. Mais ils tenaient absolument à ce que nous, nous ayons le certificat d’études. Mais beaucoup de familles faisaient travailler les enfants et ne les envoyaient pas à l'école. Parce que je l’ai passé avant les vacances et moi je suis du moi de septembre, j’avais presque 11 ans mais pas tout à fait. Et heureusement sinon je aurais pas pu venir ici. Pour que l'état me laisse partir il fallait au minimum le certificat d’étude. Moi, je suis venu légalement tu comprends!.

    Je sais bien.

    Déjà, pendant les grandes vacances, j’allais travailler avec mon père, comme apprenti. Et même la dernière année, il ne voulait plus me remettre à l'école, il a changé d'avis quand l’année était déjà commencée. Puis il a eu du remord, il a demandé à la responsable de l’école, si elle voulait me reprendre. Elle a dit oui parce que j’étais un bon élève tu vois!.

    Ah très bien!.

    Je n'ai pas toujours été mauvais.

    Mais non t'es pas mauvais, qui a dit ça!.

    A suivre (108)...

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    13 commentaires
  • Suite...    

     Et le café était fait comme dans les films.

        Dans une casserole et un vieux bas?.

        Non, pas nous. Nous le café était mélangé avec l'eau et bien touillé, et ma mère versait le café dans les bols avec précautions mais parfois ça n’allait pas assez vite à retomber, elle enlevait le couvercle, prenait des braises bien rouges et les jetaient dedans et ca aidait à faire retomber le marc café dans le fond. Tu ne connais pas ça tiens!. 0 L 7 (3)

        Ça non, je ne connais pas.

        Le plat principal, c'était la soupe au pain?

        Le plat, il y en avait qu’un, la grosse soupe avec légumes et viande de la maison, puisqu’on tuait le cochon.

       Pas de viande tous les jours je suppose!.

       Non, il y avait les fins de mois qui étaient très difficile.

       Ta mère élevait des volailles?.

       Oui mais pour vendre, pour nous uniquement aux grandes fêtes et on récupérait même les pattes pour faire la soupe, elle les ébouillantait, la peau jaune s’enlevait tu vois ce qu’on récupérait.

       Nous aussi.

       Ben nous avons eu pratiquement la même enfance.

       Non, je crois que tu as eu l'enfance comme mes parents, moi c'était un peu mieux.

       Ce que nous mangions?, écoute beaucoup de poisson,

       C'est vrai, la mer était pas loin.

       Du cochon et du bœuf lors des grandes fêtes, le poulet c'était en général quand on était malade, en ce temps là c'était plus rare ça parce qu’on disait que pour manger ça, on a toujours faim et ça fortifie tout ça avec une grosse soupe il y avait de tout dans cette soupe épaisse, tu sais la cuillère restait plantée debout.

    Le matin, avec le café noir, on avait le droit de prendre un bout de pain de blé, mais après, le reste de la journée que du pain de maïs. Et après, toujours une assiette de grosse soupe. Après la soupe, soit un bout de viande soit un morceau de poisson, mais attention petit, une sardine était coupée en trois, et tout le monde veut le milieux la queue ou la tête c’est les moins bon. Beaucoup de choux dans ces soupes là, des pâtes du riz, de tout et le dimanche surtout l'été, toujours ma mère en revenant du marché ramenait des sardines dans la braise, salade de tomates et poivrons cuits aussi dans les braises et pain de maïs des fruits rien que ceux de la maison pas les premiers ni les derniers, ceux là il fallait les vendre. Les viandes étaient conservées dans le gros sel, ça donnait un bon goût aux soupes et des fois une saucisse ou un chorizo plus rare ca.

     

    0 L 7 (1)   Tiens chez nous il y avait des champignons qui poussaient au milieu des pins ils étaient jaune, ca soulevait la terre quand ils sortaient et quand on les mangeait ca avait un gout de poulet, c'était très bon.

       Et bien t'as de la chance toi, des champions au gout de poulet!

       Et les meilleurs c'était ceux qu'on ramassait alors que la terre était juste soulevée, c'est le souvenir que j'ai et je me rappelle encore du nom en portugais ca s'appelait des miscaros, après je me rappelle d'une autre espèce qui poussait juste après la coupe des blés, ils étaient très bons aussi on les faisait frire à l'huile, la saison ne durait pas longtemps.

     

       Comment fête-t-on Noël au Portugal, pareil qu'ici?

       Tout à fait même plus que ici, mais le plat principal c'est de la morue, des pommes des terres et des choux. Ça s'exporte beaucoup pour les Portugais qui se trouvent à l’étranger, c'est une variété qui se cultive en grande partie pour la Noël, il gèle très peu la bas.

       Des choux de Noël en quelque sorte!

       C'est un peu comme les cœurs de bœuf, on cuit les feuilles entières avec les pommes de terre cuite à l'eau coupées en deux, la morue aussi à l'eau ensuite on égoutte tout et on met ca sur la table chacun se sert, on arrose dans l’assiette avec l'huile d'olive et on prend des dents d'ail cru avec. 0 L 7 (2)

       C'est un des plats traditionnel de Noël mais c'est aussi cher qu'autre chose.

       Pas très recherché me semble-t-il 

       Oh que si la bas, et tous les portugais qui se trouvent à l'étranger ... tu sais pour trouver la bonne morue et c'est choux-la c'est pas facile mais mangent autre chose avec, ils mangent beaucoup et très tard et tout les cadeaux sont déposés au pied de l'arbre depuis le debout du mois au fur et à mesure et chacun déjà avant Noël va faire bouger les paquets pour savoir ce qu'il y a dedans, c'était, mais maintenant c'est au même prix que reste même plus à l'occasion de Noël ca s’appelle le repas de la Consuade. Je te dis ca maintenant parce que quand j'étais petit, les cadeaux c'était une pomme ou une orange mais se font tous un cadeau. L'année ou j'y suis allé, même mon chien a eu un cadeau et je l'ai toujours, je ne lui ai jamais mit un manteau en laine!. Demande à Amélia, tu vas voir pour le chien.

    A suivre (107) 

     

     

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    18 commentaires
  •    Suite...

    Je vais te donner une combine. Moi j’étais l'aîné, ok! Je devais bercer mes frères pour les faire dormir. Déjà, de temps en temps, je volais la tétine, tu sais pourquoi?, c'était du sucre, ma mère mettait du sucre en poudre, du marron, dans des bouts des chiffons propres et c'était ca la tétine!. Et après ils pleuraient, je leur donnait bien sur mais il ne sendormait pas quand même. Alors avec mes doigts, je prenais de la salive à moi, tiens toi bien, et j’essayais de leurs coller les yeux. C’est vrais ca!. 0 L 8 (3)

        Pour les faire dormir?.

       Ne le fait pas toi, ça ne marche pas. Les yeux fermés pour moi, c'était bon, ils dormaient. Tu vois dommage que je fais beaucoup de fautes, je suis surpris d’arriver à taper aussi bien, pour moi c’est un exploit.

     

       D'où vient la ferme de tes parents?.

       De mes grand-parents maternel, le grand-père était marchand de bois,.il était toujours en Espagne. La mère de mon père travaillait pour eux. et lui, leur a piquer la fille, c'est à dire que ma mère a épousé le fils de la domestique. Mon père lui, n'avait rien, fils de père inconnu, mais on savait qui était son père, je te dis ça, j'ai toujours entendu dire que cet homme là était mon grand-père il ne l'a jamais reconnu et n'a jamais rien fait pour lui ni pour nous (il était marié). Ma grand-mère, quand j'étais petit, elle venait à la maison, et parfois elle couchait là, avec moi. Écoute bien, elle amenait ses draps, elle les pliait en deux rien que pour elle, pour que je ne me couche pas dessous.

       Mais pourquoi?.

       Elle était comme ça, elle pliait son drap et moi je restais de mon côté c'est tout.

     

       Tu as encore envie de me parler de ton enfance?.

         Oui, mon enfance à été difficile, j’ai été élevé à la dure, il fallait travailler à partir du moment ou on sait marcher. Toujours des travaux dans la maison pour aider les parents, des difficultés pour manger, il n’y avait pas tous les jours.

      0 L 8 (1) Il y avait l'électricité?.

       Non, lampe à pétrole, et parfois il n’y avait pas assez de pétrole. Je me souviens de mettre de l’eau dans la lampe pour que le pétrole plus léger, monte jusqu’à la mèche et parfois quand il n’y en avait plus du tout, on s’éclairait avec le feu, au bec.

       Qu’est-ce que c’est?

       Comment t’expliquer!, des bouts de bois fendus exprès.

       Comme des petites torches?.

       Oui, on choisi dans les pins qui ont de la résine, tiens comme les hommes des cavernes!.

       L'eau courante, il n’y en avait pas, on avait un système de meuble sur lequel il y avait des jarres en terre cuite, conçu pour que ça bascule facilement pour remplir les verres ou les casseroles. Mais le manger se faisait dans des marmites en fonte.

       Dans la cheminée?.

       Oui, posées par terre près du feu ou pendues sur un fer exprès, tu sais au feu de bois.

       Chez nous aussi.

       Le pain était fait par ma mère mais toutes les trois semaines seulement.

       Nous aussi, elle allait chez sa sœur pour le cuire car on n'avait pas de four.

       Surtout du pain de maïs.

       Du pain de maïs?.

       Oui, toujours et maintenant, j’adore ça!.

       Je ne connais pas ça.

       Tu sais, ma fille m’en ramène tout le temps quand elle vient. Pas loin d’ici, on en vend. 0 L 8 (2)

       Tu me fera goûter?... c'est comme la polenta, en Italie?.

       Non, maintenant c’est bien mieux, ils y mélangent un peu de blé, mais en ce temps là, c'était que du maïs et souvent du jaune, le maïs blanc est plus cher. Ma mère, à chaque cuisson faisait un petit pain pour chacun de nous. Elle les plaçait juste à l'entrée du four pour les cuire et quand on se levait pour aller à l'école, on l'avait déjà tout prêt.

       Nous, on cultivait le maïs que pour nourrir les bêtes.

       Nous, il servait pour les bêtes et pour nous, elle apportait le maïs au moulin et elle ne payait rien, pour x mesures de farine elle devait apporter une certaine quantité de maïs, le meunier se payait en maïs. Nous avions une charrette tirée par des bœufs ou des vaches pour aller quelque part c'était très long, ça ne va pas vite.

       Je sais nous aussi, on allait à la foire en charrette.

       Tu était assise sur les bêtes?.

       Non, dans la charrette. Il y avait combien de vaches?

       On leur parlait d'une certaine façon et elles comprenaient presque tout, sauf quand c'était un chemin où elles n’allaient pas souvent. Aux croisements, il fallait descendre pour les guider. Il y avait des charrettes à deux ou à une, Nous c'était une. On faisait tout avec ça.

    A suivre (106)

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    17 commentaires
  •     Suite...

    Tu sais pas quelle vie j’ai mené!. Les petites pommes de terre on les cachait derrières les `arques´.

      «-Il y en a bien peu!:».

      «-Ah moi j'ai tout épluché!»

      «-Tu est sur oui?».

       Et le jour qu’on déplaçait une arque je te dis pas le dégât!.0 L 9 (2) Tu vois ce que c’est!. Tu sais ma mère en ce temps là, elle était très maigre, elle se privait de manger pour nous donner à nous. J'ai vu des gens qui le savaient, quand on passait devant chez eux, ils nous faisaient entrer, à moi ils me donnaient une pomme par exemple et m'envoyaient jouer dans la cour. Et pendant ce temps, ils la faisaient manger. S’ils lui donnaient quelque chose à emporter, ils savaient qu’elle nous le donnerait à nous. Alors qu’elle était issue d’une famille des plus aisées. Quand j’y pense, ça me fait mal aux tripes, j'ai jamais raconté ça à mes enfants ni à personne tu vois. Et j'ai comme ça un tas de choses à l'intérieur de moi tu vois. Ça c’est les périodes de déplacement de mon père. Lui, il n’envoyait pas un rond. C’est tout ça et d’autres choses ensemble, je ne me sentais pas bien.

       Aujourd'hui, quand j'entends ma belle sœur dire: «-on y mangeait bien chez la grand-mère!». Je n'ose pas dire que j'ai connu la vrai FAIM et ma mère encore pire.

        L’injustice ou la misère?.

       Les deux mais quand je suis parti, ça allait déjà mieux, beaucoup même.    L'injustice oui, la misère il y en avait déjà plus.

       Ton père trop sévère!.

       Oh oui! tu sais après, moi j'ai envoyé de l'argent pour retaper toute la maison, acheter des vaches etc, et aujourd’hui, à la moindre bricole, on m'envoie une facture tu vois. Tu sais que mon père était le premier servi à 0 L 9 (1)table, et les meilleurs morceaux. Parce que lui travaillait. Tu vois le principe en ce temps là!. Moi j'ai toujours dit: Mes enfants d’abord, moi après, et là où mes enfants ne pouvaient pas aller, je n’y allais pas c’est tout.

       Je me rappelle très bien de mes premières chaussures. Tu vas rigoler, moi aussi aujourd’hui je rigole. Des belles chaussures noires vernies, je marchais exprès sur les ronces, je savais que ça ne piquait pas. La première averse venue, il n’est resté que les semelles en bois, c'était du carton. Tu sais quand c'était le plus difficile de marcher pieds nus?. L'été, en revenant de l'école, sur le sable chaud. On faisait exprès de rentrer les pieds dans le sable, c'était moins chaud.

       Et quand on se buttait avec le gros orteil sur les racines des pins qui sortaient du sol, encore aujourd’hui j'ai l'ongle du pied gauche tout noir et ca vient de là. Quand on nous envoyait faire des courses on courrait avec un cerceau soit la partie métallique d'une roue de vélo soit un cerceau découpé dans un pneu de voiture coté fil de fer (extrémités des pneus) nous guidions ca avec un bâton. Il y avait différentes façons de le faire selon le cerceau .

       J'ai comme ça des souvenirs qui me reviennent mais ils sont tous mélangés.

       C'est pas grave, dis comme ca te vient...

      Et même après, quand j’avais des vraies chaussures, pour les longues marches, on les enlevait, on les attachait ensemble pour les porter sur l'épaule et on les enfilait aux pieds à la porte de l'église .

       Pour économiser?.

       Parce qu’on n'avait pas l'habitude, aussi on avait du mal à marcher avec.   On attrapait facilement des cloques aux pieds. Il fallait acheter des plus grandes, pour ne pas changer souvent à cause de la croissance.0 L 9 (3) Aujourd’hui même, je ne sais pas mettre des baskets sans chaussettes, tu te rends compte!.

       Oui, je me souviens aussi que mon père avait coupé le bout de mes chaussures devenues trop petites pour faire dépasser les orteils, je n'avais pas souvent des neuves. Et je vais te dire une chose que même aujourd'hui je n'ose pas dire à l'ophtalmo quand il me questionne: ma mère m'a obligée à porter les lunettes de ma sœur parce que je n'y voyais pas bien. Misère + ignorance, j'ai souvent peur que nos enfants nous prennent pour des fous...

    A suivre (105)

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    8 commentaires
  •    (Suite)

     Et c'était des corrections?.

       Ah oui! on avez droit aussi et ça tombait avec la ceinture doublée mais toujours au moment ou on s’y attendait le moins. Personne n'avait rien, on mangeait. Le soir, on lavait ses pieds et on les séchait autour de la cheminée et au moment d'aller au lit: «-Viens là toi!» Et on te posait des 0 M (1)questions et là, sûr, tu y avais droit jusqu’à ce que la mère s’interpose entre les deux, et parfois, elle prenait les coups perdus.

     

      Chez moi, c'est la mère qui frappait et le père ne disais rien.

     

       Tu sais moi j'ai encore connu le temps ou on marchait pieds nus, on mettait les chaussures le dimanche pour aller à la messe. Ma mère criait beaucoup mais ne frappait pas, et oui. Alors on s’approchait de la porte de la cuisine, on restait là, on n’osait pas entrer on savait bien qu’on avait fait le con. Elle criait et de temps en temps elle essayait de nous attraper!, tu parles nous, on courrait plus vite. Et comme ça trois ou quatre fois et après on rentrait et elle faisait rien du tout. 0 M (2)Le paternel non, lui frappait et criait après. Tiens, j'ai même eu des côtes enfoncées à coup de pieds. C'était très dur.

       Je pense que c'est du fait que de tout petit j'ai travaillé avec lui, une première fois entre huit et neuf ans, et ensuite après que j'ai eu mon certificat des études (sésame da quarte classe) ce que pour l'époque c'était très bien, juste avant l'âge de onze ans, à l'époque nous coupions des arbres que nous scions manuellement, moi j'étais juste un petit aide et je ne faisais pas toujours bien attention à ce que mon père me disait, souvent j'étais battu, plus tard, il me faisait passer pour son frère, il fallait que je l’appelle par son prénom, il s'occupait des filles, et de ce fait, gaspillait de l'argent au lieu de le donner à ma mère qui en avait bien besoin pour nourrir ses enfants. Une période très dure ou je restais des mois voire plus d'une année sans voir le reste de la famille.

       Les autres moins mais moi le plus vieux, j'ai eu la vie dure.

       Tu devais montrer l'exemple!.

       Oui, ça s’est arrangé quand petit à petit on a commencé à bosser et tous, quand on rentrait de l'école, chacun son boulot, l'un allait chercher de l'herbe, un autre du bois, un autre de l'eau. Pour boire, il fallait aller à la fontaine chercher dans des jarres en terre cuite et attention de pas la casser. Tu prenais une que tu pouvais porter et tu allais autant de fois que nécessaire pour remplir les grandes.

    Écosser des haricots frais ou sec pour faire à manger c'était aussi le boulot des enfants, pour les grandes quantités çà ce faisait avec des maillets en bois, accroché à un manche par une lanière de cuir, et ensuite ventiler avec un moulin, tourner manuellement pour bien enlever les déchets, de paille et autres. 0 M (3)

    La corvée d'éplucher les pommes de terre, des toutes petites bien sur, interdit de faire des grosses pelures, il fallait les garder pour donner aux cochons et le soir tout ça était contrôlé par la mère ou le père. L’herbe, il fallait faire x paquets séparés pour contrôle. Je ramenais des gros, le plus que je pouvais porter, et après je faisais des petits tas dans la grange.

       «-Ils sont bien petits tes paquets!».

       «-Eh je peux pas porter plus c’est lourd!».

        Des fois ça passait, des fois pas. Alors on t’envoyait la nuit dans les champs chercher le complément.     

        Même toi, tu n’as pas connu tout ça!.

       Pas comme toi non.

    A suivre (104)

    Partager via Gmail Yahoo!

    13 commentaires
  •    Je suis né au milieu d'un bois, dans la grande forêt du Roi Dinis (légende ici ) à un peu plus de cinquante Kilomètres au nord-ouest de Fatima, et vraiment au bord de la mer, ces mois là (septembre), il n’y a que des bonnes choses regarde, toi il te faut la grosse couverture, et même si on a une cheminée on fait facilement un feu de bois et on se sent très bien au tour. Tu sais moi je suis né à 4 voir 5 Km de la mer et l'été il y a facilement un écart de 10 degrés, là ou les enfants sont partis aujourd’hui c’est là le plus chaud du Portugal.  0 M (5)

     

         Moi avant, jallais un peu dans la mer et lorsque les grandes vagues arrivaient je me jetais dedans. Résultat, plusieurs fois javais le ventre tout griffé, cest pour ça tu vois mes enfants, j'ai voulu qu’ils sachent nager depuis tout petit. Même pas amateur là aussi je suis nul. Oui tous les deux, ma fille elle, nage même très bien parce quelle va aussi avec ses élèves tu comprends. Justement au bord de la mer elle me fait toujours peur, c’est en général celle que tu vois le plus loin. Les pêcheurs parfois, ils attrapent dans leurs filets pour quelquun comme moi qui sais pas nager, ça fait peur. Elle va beaucoup à la piscine, elle est abonnée. Mon beau fils nage bien aussi mais pas aussi longtemps qu’elle.

     

       0 M Clip (4)   Je vais vous dire madame Jeanne, les meilleurs protecteurs de la nature c’est les pêcheurs et les chasseurs. Moi je suis du temps ou une sardine était partagée en deux voire trois et personne voulait le côté de la tête. Et autre chose, une olive tu vois ce que c’est…

       Il n’y a pas que toi qui as été pauvre!.

       Nous avons été logés à la même enseigne. Donc une olive on devait en faire deux, voire trois bouchées et les olives maison étaient toujours petites… Mes parents avaient quelques oliviers à l'époque.

         Ah bon, moi une olive, j'en ai vu pour la première fois j'avais 15ans.

        Oui, j'en ai vu beaucoup là-bas, et des très vieux.

     

       Ça vit très vieux cet arbre là. Les poulets, les œufs, les fruits, les légumes, nous n'avions pas le droit d’en manger que lorsqu’au marché ça ne se vendait pas bien. Mon père passait avec un râteau sur la terre en dessous de l'arbre pour voir les marques de nos pieds, alors on faisait attention, on y allait et en reculant avec le râteau, on le remettait en place mais souvent il le0 M (6) voyait. 

     

      

    Parfois il utilisait des planches avec des clous qu'il cachait sous la surface du sol sous les arbres, un peu partout comme nous marchions les pieds nus, nous nous serions piqué et donc, ça nous dissuadait, et pire, si on montait aux arbres et qu'on sautait ensuite la, ca ferait très mal, à ma connaissance c'est jamais arrivé...

    A suivre....

     

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    16 commentaires
  •     On va faire une pause en ce qui concerne les photos des villages, faire une place à la lecture d'une autre histoire VRAIE!. 0 M Clip (1)

     

       Il y a quelques années déjà, j'ai fais la connaissance de mon compagnon actuel sur internet, nous avons bavardé sur messagerie instantanée tous les soirs, jusque tard dans la nuit, pendant de nombreux mois. Nous nous sommes raconté nos enfances respectives et une parties (seulement hélas) de ces conversations ont été enregistrées sur disque dur...

     

       Vous avez été très nombreux à lire l'histoire de mon enfance et merci à vous tous qui m'avez donné vos appréciations, en commentaires sous les articles, en e mails et même de vive voix pour certain d'entre vous.

    Aussi je me permets de publier ces conversations (avec son accord bien entendu), je vous les livre avec le moins possible de corrections, les sujets un peu en désordre mais je tenais à garder l'authenticité.

       Je sais d'or et déjà que vous lui ferez un bon accueil.

     

    0 M Clip (2)

       Petite précision: né au Portugal en 1943 sous la dictature de Salasar, dans un pays bien pauvre, fils aîné d'un maçon, il deviendra maçon lui-même, sa naissance a déjà été bien peu ordinaire: A l'époque on accouchait à la maison et une «sage femme voisine (rarement diplômée)» venait assister. Le bébé était mort-né. La maman malade, on se décide après maintes palabres à aller chercher le médecin, ce qui a pris un certain temps, il n'y avait même pas une bicyclette.

       Celui-ci s'occupe de la mère et demande - où est le bébé?. - il est mort, dans la pièce à côté... - allez me le chercher. Il demande une bassine d'eau froide et une bassine d'eau chaude, il a trempé le bébé dans l'une et l'autre plusieurs fois et il est revenu à la vie, 68 ans plus tard, il est en pleine forme!. 0 M Clip (3)

     

       Mes propos seront en italiques et comme d'habitude, un article chaque lundi, classés dans la catégorie: Portugal qui comporte déjà 7 articles sur ce beau pays ....

    Abonnez-vous à la newsletter...

     

    Partager via Gmail Yahoo!

    18 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique