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Mai 68…
En 1968 j’avais 20 ans..., et... 50 ans ont passés. Déjà!
Je vous offre mon souvenir de ce mois-là, resté dans l’histoire mais aussi dans mon coeur pour d’autres raisons.
Avec ma toute nouvelle amie Monique, (encore plus folle que moi) nous avons voulu changer de vie et pour ce faire changer de travail.
Nous voilà engagées dans une ferme au "Théron". C'était un petit fermier qui était producteur (entre autre) de fraises. Ainsi, tout le mois de mai 68, nous l'avons passé en maillot de bain et casquette dans un champ de fraises. Au début, nous avons eu un très violent mal au dos, mais peu à peu, le corps s'habitue et nous avons appris à préparer de jolis petits paniers de fruits que le patron allait, chaque jour, vendre directement aux commerçants de la région. Dans le calme de la campagne, sous le soleil, nous avions d'interminable discussions, nous avons tenté encore d'y intéresser le patron et la patronne qui travaillaient avec nous, lui, participait parfois mais elle, elle disait: «-Mais où vont-elles chercher tout ça!». Nous étions logées et nourries chez eux, le soir, ils nous invitaient (avec insistance) à aller nous coucher. Nous montions dans la chambre, et aussitôt nous sortions par la fenêtre, non pas parce que nous voulions aller quelque part, mais par simple esprit de contradiction.
Il y avait une parente à eux qui était venue spécialement pour cuisiner, elle faisait bien la cuisine mais elle était très sale et chaque soir, elle regardait la crasse sur ses jambes et disait: «-Demain, va falloir que je me lave». Mais elle ne le faisait jamais. L'après-midi, quand elle avait fini de laver sommairement la vaisselle, elle venait aux champs nous aider, et, lorsqu'elle avait un besoin, elle s'éloignait d'à peine deux mètres, écartait ses jambes et en soulevant légèrement ses jupons, elle urinait debout. C'était la récréation, nous en mourions de rire.
Nous n'écoutions pas la radio, nos conversations nous suffisaient, nous n'étions que très peu au courant des événements politiques. Mais un jour, le patron nous dit qu'il devait chercher de l'essence car au village il y en avait plus. Plus d'essence? comment ce fait-il?. C'est ainsi que nous avons pris conscience de la gravité de la crise. Tout était bloqué, la France était paralysée, tout le monde en grève sauf ceux qui travaillaient à leur compte, mais bientôt ils ont bien étés obligés d‘arrêter aussi, faute de carburant ou de matières premières ou à cause des barrages que les grévistes organisaient pour tout bloquer. Alors, tous les vélos, neufs ou vieux,.sont sortis dans les rues et chacun tentait de s’approvisionner comme il pouvait, car bien vite, les magasins ont été vidés. Alors, trocs et systèmes D ont refait surface. Nous deux, n'avions aucun soucis, nous passions à table sans nous inquiéter, nous ramassions les fraises tranquillement, et nous n'avons même pas pensé à faire grève. Le patron n’avait aucun mal à écouler sa production, les gens manquaient de tout et le moindre panier de fraises était le bienvenu. Mais son transport commençait à poser problème.
C’est alors que le grand-père qui vivait là aussi est revenu sur le devant de la scène. Il avait un vieux cheval qu’il avait sauvé de l’abattoir, ce cheval coûtait beaucoup de foin et ne rapportait rien mais son fils, après de violentes discussions, avait accepté de le garder à la ferme. Un matin, nous avons eu la surprise de trouver le cheval dans la cour attelé à une vieille carriole, et le père demandant au fils: «-Allons, charges donc tes caisses et je vais te les porter où tu veux». Et le vieux a fait les livraisons, bien content de pouvoir enfin critiquer, le pétrole, les moteurs et le modernisme.
Courant juin, le travail a repris peu à peu, et tout est revenu à la vie, à un cours normal. Nous ne savions pas encore que Mai 68 entrerait dans l'histoire de notre pays, c'est petit à petit que les mentalités ont changé, les gens ont osé..., osé parler de leur pensées profondes, ont osé demander, ont osé se plaindre de tout, même injustifié, et ont osé exiger.
Une vraie révolution culturelle et sociale. Enfin tout ceci est mon opinion toute personnelle.
Voici quelques slogans de l'époque, ils ne sont pas forcément judicieux mais je les adore:
· Il est interdit d'interdire
· Désirer la réalité, c'est bien! Réaliser ses désirs, c'est mieux !
· Ne vous emmerdez plus ! Emmerdez les autres !
· J'ai quelque chose à dire, mais je ne sais pas quoi.
· Ouvrons les portes des asiles, des prisons et autres facultés.
· Nous sommes des rats (peut-être) et nous mordons les enragés.
· J'emmerde la société et elle me le rend bien !
· Le respect se perd, n'allez pas le chercher !
· Le pouvoir est au bout du fusil. (Est-ce que le fusil est au bout du pouvoir ?)
· Ne prenez plus l'ascenseur ! Prenez le pouvoir !
· Les murs ont des oreilles. Vos oreilles ont des murs.
· Soyez réalistes, demandez l'impossible !
Je vous abandonne 3 semaines pour une visite dans Les Pyrénées….
Tags : Mai68, fraises, grèves, transport, carburant, barrages
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Commentaires
je comprends pourquoi je ne te voyais plus..balade dans les P.O. donc on va voir des photos bientôt
Nous étions jeunes, insolents heureux de vivre ces pavés là avaient un côté joyeux... Le temps a passé...
Bisous du jourque de souvenir de ce mai 68
j'ai vu les défilés sous ma fenêtre lorsque j'habitais à Nanterre de ce temps la il y avait beaucoup d'usine dans cette ville
bises
Bonsoir ,moi j'avais 18 ans ,mais vivant à la campagne ,je n'ai pas de souvenirs de cette période,mais ensuite on en a entendu parler.il faudrait un autre Mai ,tout va si mal.j'ai bien aimé ton histoire.bonne fin de soirée,bises.
Moi j'étais déjà plus jeune que toi... rien n'a changé. J'ai appris qu'il se passait quelque chose lorsque l'école (j'étais pensionnaire) nous a renvoyé chez nous. Pas de télé à la maison. On avait la radio et le compte rendu du père qui allait à des réunions syndicales. Mais à vrai dire, j'étais trop jeune (ou trop naïf) pour comprendre la situation
Et oui...drôle d'époque que ces évènements de Mai 68... je bossais et j'étais commercial à cette époque-là ! c'est vrai que pour l'essence ce n'était pas marrant... et pour le boulot, il fallait quand même faire des chiffres ! c'était pas facile dans le milieu bancaire !
Bonne fin de ce beau 1er Mai !
Gilbert
Moi aussi j'avais 20 ans en 68
J'étais à Paris et c'était bien mouvementé
Bonne journée de 1er mai
Bisous
10LionelMardi 1er Mai 2018 à 09:42Bonjour,
Tu parles de ton amie Monique dont c'est l'anniversaire aujourd'hui. Bon anniversaire Monique.
Bisesun passage du lundi pour vous souhaiter un bon 1er mai à tous!!! espérons un temps meilleur qu' aujourd'hui car le vent la pluie et le froid!!! raz le bol!!! bisous Sylvie
Bonsoir Petite Jeanne
J'ai aussi connu la campagne durant cette année remarquable mais aussi avant durant plusieurs années. J'ai adoré faire les foins, le blé, enfin tous les travaux de la ferme. Et maintenant nous y retournons de temps en temps, ce n'est pas loin du lac des Settons.
Merci pour cette tranche de vie. Et de nous rappeler cette époque d'insouciance où la colère à grondée !!
Je te souhaite une douce soirée
Gros bisous et merci de ton passage durant mon absence, c'est très gentil
Gros bisous
@lain
5monique meuniereLundi 30 Avril 2018 à 17:08aaahhh!!!! ça me ramène 50 ans en arrière de lire ton texte!!!!! mais les souvenirs sont toujours aussi frais dans ma mémoire!!!! bisous à ma vieille branche!
J'avais 16 ans et je me souviens que dans ma province nous n'étions pas trop impactés jusqu'à ce que les camions ne puissent plus nous livrer.
Pas de télé donc pas trop d'infos non plus.
Je me souviens surtout de l'école fermée donc des moments de liberté avec les copains jusqu'à ce qu'un jeu un peu plus violent me laisse par terre avec une clavicule cassée.
C'est ça quand tu es la seule fille dans un groupe de 7 garçons.
Les soins n'étaient pas ceux de maintenant donc mon mois de mai je l'ai terminé à l'hôpital.
Bonne semaine.
J'allais avoir bientôt 18 ans et je me rappelle que nous avons eu de longues vacances. je ne suis pas allée sur les barricades.
Mon opinion: on fait tout un pataquès de ce Mai 68 mais ce fut une révolution de merde (pardon !). Si on décortique les soi-disant avancées, on réalise en cherchant un peu que la plupart étaient déjà en marche avant 1968.
C'est maintenant que je ferais bien la révolution !!! Mais voilà, je suis trop vieille !
En tous cas j'ai beaucoup aimé ton article... Aller aux fraises, c'est magnifique ! Et puis je pense qu'on va nous emmieller pendant 1 mois dans tous les médias avec cette histoire de 68, alors au moins ton histoire est très originale et pleine de fraîcheur.
bonjour chère Petite-Jeanne , tu avais 20ans, j'en avais 40 en Mai 1968, bravo pour ces beaux souvenirs de jeunesse, moi j'étais en grève comme beaucoup , et nous occupions notre lieu de travail , souvent dans la rue pour manifester , ou aider au service d'ordre , une période inoubliable par les événements qui se sont déroulés, bon sejour dans les Pyrénées, bonne idée j'y vais en du 17 au 23 Mai ! chez mes enfants vers Salies de Bearn , amitiés et grosses bises
Ah, ton billet m'a rappelé de beaux souvenirs. Moi aussi j'avais 20 ans en Mai 1948, et je m'en souviens très bien. Mes parents étaient boulangers dans le petit village de Banyuls-dels-Aspres dans les Pyrénées Orientales, et bien vite mon père n'a plus été livré en farine ! C'était la cata ! Si tu l'avais entendu gueuler le paternel !!!
Tu nous dis que tu pars faire du tourisme dans les Pyrénées. Moi, j'y étais tout dernièrement, je met d'ailleurs des billets en ce moment sur mon blog. Mais nous sommes revenus dans le Gard, tout a une fin ! Allez, bisous et bon 1er Mai.
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Alors moi, j'étais bien en sécurité dans le ventre de ma maman qui avait elle aussi tout juste 20 ans. Mes parents avaient mis de l'essence de côté pour pouvoir faire le voyage jusqu'à la maternité (30 km) au cas où la situation aurait duré ...
Un an environ que je n'étais pas passée, toujours d'aussi belles photos !