• 25 A Raynal

       Ma sœur avait quitté La-fageole à quinze ans et demi pour se marier avec un paysan de neuf ans son aîné; Il vivait à Raynal, hameau sur la commune des Junis (Lot). Mon beau-frère Roger y vivait avec sa grand-mère qui percevait une pension de veuve de la guerre de quatorze. La propriété était minuscule, les champs vallonnés, des carrés cultivables grands comme des mouchoirs de poches, difficiles d'accès, ne produisaient pas grand chose. Roger était l'homme le plus gentil de la terre mais il est né avec un siècle de retard, refusant le modernisme, il pensait qu'il devait continuer à vivre comme le faisait ces ancêtres, labourer et ensemencer ses quatre parcelles, il ne voyait pas que la vie avait changé et qu'il était désormais impossible de faire vivre une famille dans ces conditions.

     

       Ma sœur, qui n'était qu'une gamine, a mis quelques années à en prendre conscience, en attendant, sept enfants étaient nés. La maison, était toute petite, une cuisine avec le "cantou", une grande chambre qui a été coupée en deux pour faire une pour les parents et l'autre pour les enfants, la mémé dormait dans la cuisine. La grange, attenante à la maison, si bien que les vaches passaient devant la porte pour rentrer dans leur étable. La cour était en pente, ce qui avait pour conséquence de produire une grande quantité de boue et l'on ne pouvait pas éviter d'y marcher dedans pour entrer dans la cuisine. Il n'y avait pas l'eau courante, même pas une bonne citerne; il lui était impossible de tenir propre ni les enfants ni la maison. Roger refusait de faire des emprunts pour faire les aménagements nécessaires, d'ailleurs, comment les rembourser?, la ferme ne rapportait rien, juste un cochon, quelques volailles et deux veaux par an, seule la pension de la mémé permettait un fragile équilibre dans le budget.

     

    Etant enfant, j’y ai quelquefois passé des vacances, je revois encore la mémé était assise sur la grosse pierre devant la maison. Elle avait souvent un petit enfant dans ses bras ou bien elle préparait des légumes pour la soupe. Elle parlait très peu, refusait de manger à table avec nous, elle prenait ses repas assise dans le coin de l’âtre. Sa présence donnait au foyer une forme de stabilité aussi ma sœur qui n’avait que 10 ans de plus que moi m’a souvent avoué qu’elle avait plus envie de jouer avec le petite voisine Bernadette que d’aller travailler aux champs.

     

     

       Mais un jour, la mémé s'en est allée rejoindre les siens, alors tout est devenu encore plus difficile, les allocations familiales ne suffisaient pas et ma sœur est entrée dans une longue période de dépression. Mais les enfants grandissaient, il fallait les vêtir pour les envoyer à l'école, ainsi ils ont étés le moteur qui lui a donné le courage de faire face, elle a décidé de partir avec eux habiter en ville dans un logement digne et trouver du travail. Puis elle a demandé le divorce... Roger est resté là, seul, de nombreuses années, dans le dénuement le plus total, il n'a jamais compris la valeur de l'argent, il ne dépensait même pas le quart de sa retraite pourtant bien modeste.

       J'ais appris que la misère peux être là, à notre porte il n'est pas facile de la voir et il n'est pas non plus évident de luter contre, car, que peux-t-on faire contre la misère morale?...

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  • Commentaires

    2
    patrice
    Mardi 13 Novembre 2012 à 23:25
    bonjour c patrice le fils de marie claude tres beau blog pas eu le tenps de tout voir mes tres presser. je parts le 23 chez maman pour une semaine si tu a une commission pour elle fais moi le savoir. biz
    1
    Vendredi 13 Février 2009 à 20:56
    Merci Patrice;
    Je t'envois un e mail...
    Bises à tous
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