• 24 A Prayssac

       Le temps avait passé, André avait quitté l'usine de Fumel pour travailler à la SNCF et Jeannette avait trouvé un travail de garde-barrière et donc la famille avait déménagé pour Castelfranc, petit village près de Payssac, le passage à niveau était sur une route peu fréquentée, c'était un endroit tranquille et le Pépé (le père de Jeannette), disposait d'un grand jardin. Mon frère Simon venait souvent passer le dimanche et parfois, avec sa voiture, nous allions danser ou nous promener.

       Mes parents avaient fini par percevoir une modeste retraite, ils ne pouvaient plus rester à La-fageole, trop éloignée de tout, alors mes frères ont trouvé pour eux un petit deux pièces-cuisine à Prayssac. C'est ainsi qu'un jour, André, m'a pris à part et m'a dit que ma place était chez mes parents. Cela a été un très grande déception pour moi, je me sentais bien mieux avec eux qu'avec mes parents, j'en ai pleuré une semaine, mais je me suis pliée à la décision familiale. 

       J'ai donc aménagé chez mes parents à Prayssac dans une des deux chambres, il n'y avait pas de salle à manger, nous vivions dans la cuisine. Je n'ai pas aimé cette période et je réfléchissais souvent comment m'en sortir, je ne voulais pas rester avec mes parents, mais louer une chambre n'était pas facile car j'étais mineure. Pourtant, étant en plein village, j'en profitais pour sortir pour un oui pour un non et j'ai fais de nombreuses connaissances, garçons et filles, nous allions au cinéma, à plage au bord du Lot, aux bals ou traîner en ville. Il y avait Marie-Françoise, les trois sœurs Belharbre et les deux sœurs Noël avec leur jeune frère Denis et les autres garçons, Christian Lèbre (apprenti  boulanger), Michel (surnommé Killy) et son frère Bernard, Jean-François (qui a fini par épouser Marie-Françoise), et Alain, toujours pantalons bien au plis. A cette période, j'avais la marotte de la correspondance, j'achetais la revues très à la mode, "Salut les Copains". J'avais adhéré au fan-club du chanteur Adamo et je répondais à des annonces de jeunes, filles et garçons qui cherchaient des correspondances amicales, l'ancêtre du "blog" en quelques sortes; toutes les semaines je recevais du courrier et j'échangeais des photos avec mes camarades. 

     

    J’avais ainsi fait la connaissance d’un jeune homme qui habitait Grenoble, il m’a envoyé une photo prise à son travail dans une fromagerie, en blouse blanche. Il me parlait des jeux olympiques d’hiver qui avait lieu dans cette ville cette année-là, en février 1968. Voilà qu’aux vacances de Pâques, je reçois une lettre, ce monsieur avait décidé de me rendre visite. Prise au dépourvue, je lui donne rendez-vous devant l’église et je convoque Monique car je ne me sentais pas bien à l’aise d’y aller seule. J’ai tout de suite repéré sa petite dauphine immatriculée 38, cet homme m’a déplu immédiatement, petit, trapu et surtout il me parut très âgé, bien qu’il n’ait que la trentaine. Je tournais la tête, n’osant pas le dire explicitement, laissant à Monique le devoir poli de la conversation. Je venais de comprendre qu’il attendait bien plus qu’une simple  correspondance. Mais il a très vite comprit, une heure plus tard il reprenait sa route, plus de mille kilomètres pour prendre une veste mais il est resté très courtois: la classe ! Je n’ai plus eu de ses nouvelles et je n’en ai pas demandé.

     

       Naturellement, Monique est entrée dans mon cercles d'amis et nous allions nous promener. Elle a particulièrement sympathisé avec Bernard et moi avec Killy. Chaque fin de semaine, les deux frères venaient nous chercher et nous partions tous les quatre dans une voiture ridiculement petite, une fiat500 ou parfois une simca1000. Nous avons tenté de les intéresser à nos conversations philosophiques mais ils restaient obstinément muets, visiblement nos propos les dépassaient et nous poussions le bouchons un peu loin, faisant semblant de tenir des sujets hautement intellectuels, parlant à demi-mots, espérant sans doutes les faire mettre en colère, mais non, ils restaient impassibles, se contentant de sourire de temps à autre. Mais ils aimaient bien rire et pendant tout le printemps et l'été 1968, nous avons bien rit, chanté, dansé et sifflé (sur la colline) dans l'insouciance de nos vingt ans.

     

       ""Nous sommes beaucoup sorties avec une bande de copains et nous faisions les 400 coups! nous vivions à un rythme fou! Rien ne me faisait peur! faire du stop en rentrant des balsmonter derrière des motards fous de vitesse sans casque, se retrouver dans des situations presque dangereuses!  Ca a été une fuite en avant!.""    (M.B.)

               

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  • Commentaires

    1
    Mardi 22 Septembre 2009 à 16:23
    Ma soeur, qui était en pension, lisait "Salut les copains". A cette époque je vivais chez mes parents et il était absolument hors de question que je sorte avec des garçons ! Un jour j'ai réussi à avoir un correspondant tahitien. Ma mère a ouvert sa première lettre. Elle me l'a remise mais en me menaçant de tant de catastrophes que notre échange épistolaire en est resté là malgré les appels réitérés de ce garçon !
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