• 103: La ceinture

       (Suite)

     Et c'était des corrections?.

       Ah oui! on avez droit aussi et ça tombait avec la ceinture doublée mais toujours au moment ou on s’y attendait le moins. Personne n'avait rien, on mangeait. Le soir, on lavait ses pieds et on les séchait autour de la cheminée et au moment d'aller au lit: «-Viens là toi!» Et on te posait des 0 M (1)questions et là, sûr, tu y avais droit jusqu’à ce que la mère s’interpose entre les deux, et parfois, elle prenait les coups perdus.

     

      Chez moi, c'est la mère qui frappait et le père ne disais rien.

     

       Tu sais moi j'ai encore connu le temps ou on marchait pieds nus, on mettait les chaussures le dimanche pour aller à la messe. Ma mère criait beaucoup mais ne frappait pas, et oui. Alors on s’approchait de la porte de la cuisine, on restait là, on n’osait pas entrer on savait bien qu’on avait fait le con. Elle criait et de temps en temps elle essayait de nous attraper!, tu parles nous, on courrait plus vite. Et comme ça trois ou quatre fois et après on rentrait et elle faisait rien du tout. 0 M (2)Le paternel non, lui frappait et criait après. Tiens, j'ai même eu des côtes enfoncées à coup de pieds. C'était très dur.

       Je pense que c'est du fait que de tout petit j'ai travaillé avec lui, une première fois entre huit et neuf ans, et ensuite après que j'ai eu mon certificat des études (sésame da quarte classe) ce que pour l'époque c'était très bien, juste avant l'âge de onze ans, à l'époque nous coupions des arbres que nous scions manuellement, moi j'étais juste un petit aide et je ne faisais pas toujours bien attention à ce que mon père me disait, souvent j'étais battu, plus tard, il me faisait passer pour son frère, il fallait que je l’appelle par son prénom, il s'occupait des filles, et de ce fait, gaspillait de l'argent au lieu de le donner à ma mère qui en avait bien besoin pour nourrir ses enfants. Une période très dure ou je restais des mois voire plus d'une année sans voir le reste de la famille.

       Les autres moins mais moi le plus vieux, j'ai eu la vie dure.

       Tu devais montrer l'exemple!.

       Oui, ça s’est arrangé quand petit à petit on a commencé à bosser et tous, quand on rentrait de l'école, chacun son boulot, l'un allait chercher de l'herbe, un autre du bois, un autre de l'eau. Pour boire, il fallait aller à la fontaine chercher dans des jarres en terre cuite et attention de pas la casser. Tu prenais une que tu pouvais porter et tu allais autant de fois que nécessaire pour remplir les grandes.

    Écosser des haricots frais ou sec pour faire à manger c'était aussi le boulot des enfants, pour les grandes quantités çà ce faisait avec des maillets en bois, accroché à un manche par une lanière de cuir, et ensuite ventiler avec un moulin, tourner manuellement pour bien enlever les déchets, de paille et autres. 0 M (3)

    La corvée d'éplucher les pommes de terre, des toutes petites bien sur, interdit de faire des grosses pelures, il fallait les garder pour donner aux cochons et le soir tout ça était contrôlé par la mère ou le père. L’herbe, il fallait faire x paquets séparés pour contrôle. Je ramenais des gros, le plus que je pouvais porter, et après je faisais des petits tas dans la grange.

       «-Ils sont bien petits tes paquets!».

       «-Eh je peux pas porter plus c’est lourd!».

        Des fois ça passait, des fois pas. Alors on t’envoyait la nuit dans les champs chercher le complément.     

        Même toi, tu n’as pas connu tout ça!.

       Pas comme toi non.

    A suivre (104)

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  • Commentaires

    13
    marmota
    Mardi 13 Novembre 2012 à 23:17
    nous aussi on a connu les coups d'osier qui traçait les jambes , les coups du manche du gros couteaux...
    12
    monique
    Mardi 13 Novembre 2012 à 23:17
    Quelle différence avec l'éducation d'aujourd'hui! maintenant on a peur de faire travailler les enfants, de leur demander d'aider dans la maison! mais quand on parle "du bon vieux temps" il faut dire que tout n'était pas bon!
    11
    Samedi 19 Novembre 2011 à 20:23

    Marishka, ce n'est pas ma vie mais celle de mon compagnon...

    10
    Samedi 19 Novembre 2011 à 17:02
    Bonjour Petite Jeanne

    Bien dure la vie que tu as eue, tu n'as pas été gâtée.

    Un samedi bien gris, mais pas de pluie.

    Je te souhaite une bonne fin de journée.

    Gros bisous.

    Marishka
    9
    Vendredi 18 Novembre 2011 à 19:30
    Dans le village (portugais) où j'ai vécu à la fin des années quatre-vingt bien des enfants marchaient encore pieds nus l'été, certaines femmes aussi et elles allaient chercher l'eau à la fontaine avec des brocs en plastique qu'elles portaient sur la tête. Lorsque je lis ce témoignage, je me dis que j'ai eu une enfance bien douce. Mes parents étaient exigeants, mais les fessées étaient exceptionnelles.
    8
    Mercredi 16 Novembre 2011 à 10:31
    Tu as eu une dure enfance ma petite Jeanne !!! Je te souhaite une belle journée !!! Moi aussi je suis une petite Jeanne ;) Bisous
    7
    Mardi 15 Novembre 2011 à 22:06
    Ma mère a vécu à la campagne, dans une famille de 8 enfants et sa vie a été dure mais elle n'était pas battue. Merci pour ce texte poignant. Bisous
    6
    Mardi 15 Novembre 2011 à 14:28
    Quand j'entendais mes grands-parents racontaient leur histoire j'avais peine à imaginer. La vie autrefois était bien dure mais est-ce que les parents avaient le choix ? je ne crois pas. C'était ainsi ! j'attends la suite avec beaucoup d'impatience. bise. marie
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    5
    Mardi 15 Novembre 2011 à 11:38
    Bonjour Petite Jeanne.
    'est une situation que beaucoup on connu à la campagne, l'éducation était très dure. Pas facile pour des enfants !!
    Merci pour ce récit . Gros bisous et belle journée. Jetelle 76.
    4
    Mardi 15 Novembre 2011 à 10:13
    dur dur la bien des petits en ces temps la .
    quand on voit les jeunes d'aujourd'hui qui
    sont blasés de tout .
    pffft !!! des fois ça leur ferai du bien de
    vivre comme dans ces temps la pour qu'ils
    se rendent compte combien ils sont heureux .
    bisous
    3
    Lundi 14 Novembre 2011 à 19:17
    Géniale cette note ! d'une richesse inégalable et surtout un exemple de vie criant la vérité .
    Papa disait : "je marchais pieds nus dans les étroubles..dans les champs de blé fauchés " !
    Ce n'était pas si vieux ..
    bonne soirée et bises .
    2
    Lundi 14 Novembre 2011 à 17:45
    Quand je lis ça je me dis : j'ai eu une enfance de petite fille privilégiée !
    vite à lundi pour la suite !
    Bonne semaine, bise
    1
    Lundi 14 Novembre 2011 à 17:45

    C'est vrai mais au moins on avait envie de quitter le "nid", nous partions avec le désir de refaire un monde meilleur, bref, on apprenait à s'assumer... 

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